Petite merveille à lire comme une leçon
Les jarres imparfaites . . .
par Kaddour Cherifa, jeudi 30 septembre 2010, à 23:36
Un porteur d'eau indien avait deux grandes jarres,
suspendues aux deux extrémités d'une pièce de bois,
qui épousait la forme de ses épaules.
L'une des jarres était légèrement fêlée.
Alors que le récipient de gauche conservait parfaitement toute son eau de source jusqu'à la maison du maître,
la jarre de droite perdait presque la moitié de sa précieuse cargaison en cours de route.
Chaque jour, le porteur d'eau ne livrait qu'une jarre et demie d'eau
à chacun de ses voyages.
Bien sûr, la cruche parfaite était fière d'elle,
puisqu'elle parvenait à remplir sa fonction du début à la fin sans faille.
Mais la jarre abimée avait honte de son imperfection
et se sentait déprimée parcequ'elle ne parvenait à accomplir que la moitié
de sa mission.
Un jour, la jarre endommagée s'adressa au porteur d'eau,
au moment où celui-ci la remplissait à la source.
- Je me sens coupable, et je te prie de m'excuser.
- Pourquoi ? demanda le porteur d'eau. De quoi as-tu honte ?
-Je n'ai réussi qu'à porter la moitié de la cargaison d'eau à notre maître,
à cause de cet éclat qui fait fuir l'eau.
Par ma faute, tu fais tous ces efforts, et, à la fin,
tu ne livres à notre maître que la moitié de l'eau.
Tu n'obtiens pas la reconnaissance complète de tes efforts,
lui dit la jarre abimée.
Le porteur d'eau fut touché par cet aveu et, plein de compassion, répondit :
- Pendant que nous retournons à la maison du maître,
je veux que tu portes tes regards sur le bord du chemin.
Au fur et à mesure de leur montée sur le sentier,
la vieille jarre vit de magnifiques fleurs baignées de soleil
sur les bords du chemin,
et cela lui mit du baume au coeur.
Mais à la fin du parcours,
elle se sentait toujours aussi mal
parce qu'elle avait encore perdu la moitié de son eau.
Le porteur d'eau dit à la jarre :
T'es-tu rendue compte qu'il n'y avait de belles fleurs que de ton coté,
et presque aucune du coté de la jarre parfaite ?
C'est parce que j'ai toujours su que tu perdais de l'eau,
et j'en ai tiré parti.
J'ai planté des semences de fleurs de ton coté du chemin et,
chaque jour, tu les a arrosées tout au long du chemin.
Grâce à toi, j'ai pu cueillir de magnifiques fleurs
qui ont décoré la table du maître.
Sans toi, jamais je n'aurais pu trouver
des fleurs aussi fraiches et gracieuses.
Nous avons tous des éclats, des blessures, des défauts.
Nous sommes tous des jarres abimées.
Certains d'entre nous sont diminués par la vieillesse,
d'autres ne brillent pas par leur intelligence,
d'autres sont trop grands, trop gros ou trop maigres,
certains sont chauves, d'autres sont diminués physiquement,
mais ce sont les éclats, les défauts en nous,
qui rendent nos vies si intéressantes et exaltantes.